En 1810, l’armée française de Napoléon, conduite par le général Masséna, se dirige vers le Portugal pour l’envahir. Le duc de Wellington, qui conduit l’armée anglaise alliée aux Portugais, fait construire en secret de grandes lignes de fortification : les lignes de Torres Vedras. Il espère ainsi repousser les Français et empêcher Napoléon de réaliser son blocus continental contre le Royaume-Uni. Au cœur de ces manœuvres politiques, les histoires intimes au sein de l’armée se succèdent.
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Un récit guerrier du point de vue des Portugais
Le projet est initié par le désir du célèbre producteur Paolo Branco de faire un film sur les invasions du Portugal par Napoléon. Le récit s’installe donc au creux de l’armée anglo-portugaise, accompagné par une voix off qui guide le spectateur à travers les différents événements historiques et géopolitiques qui ponctuent le parcours des soldats. Ainsi, en accord avec l’angle d’analyse adopté, la description historique des faits est très peu nuancée. Peu d’attention est apportée aux ravages du passage de l’armée anglo-portugaise dans les villages, ces derniers pratiquant la politique de la terre brûlée, donnant l’ordre de détruire tous les biens des villages portugais pour ne rien laisser à l’armée française. Par ailleurs, aucun cas n’est fait des habitants ruraux et les événements de la grande Histoire s’effacent assez rapidement derrière des histoires particulières vécues par les militaires anglais et portugais.
Des tableaux intimes dans la fresque d’un événement historique
En effet, le gros plan historique de la fresque des invasions napoléoniennes sur le territoire portugais semble finalement être le décor pour raconter des relations intimes ou des anecdotes. Ainsi, l’on retrouve John Malkovitch dans le costume du Général Wellington, concentré sur l’image que le peintre fait de lui et la recette du bœuf Wellington. En somme, ce qu’il restera de lui dans l’Histoire. Les intrigues s’enchevêtrent à la manière d’un feuilleton, avec la présence d’acteurs renommés tels que Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Carloto Cotta, Melvil Poupaud, Michel Piccoli, Marisa Paredes, Mathieu Amalric. En comparaison, il est intéressant de regarder Kutuzov qui, à l’instar des Lignes de Wellington, situe son point de vue au sein d’une armée ennemie des Français, mais fait le choix de ne raconter que les événements historiques et guerriers sans se soucier des histoires personnelles des protagonistes.
Les Lignes de Wellington connaît une histoire houleuse. Valeria Sarmiento qui réalise le film reprend le projet de réalisation de son époux Raoul Ruiz, décédé avant d’avoir pu commencer le tournage. Ce dernier avait cependant réalisé les repérages, les costumes et les castings, d’où la présence de certains de ses acteurs habituels. Plusieurs figures reconnues se sont ajoutées au casting à la suite de la mort du cinéaste, comme une manière de lui rendre hommage.
Lucie Bonvin
Fiche Technique
Titre : Les lignes de Wellington
Année : 2012
Langue : Portugais, Anglais, Français
Durée : 151 minutes
Réalisatrice : Valeria Sarmiento
Image : André Szankowski
Productions : Alfama Films