Ce mois-ci, la Mer Méditerranée est à l’honneur sur Allindì.
Focus sur deux d’entre-elles : c’est au rythme de la vie d’un écrivain, d’un marin, d’un fou de la mer, que Bleu Conrad, tourné vers le passé, berce des rêves d’aventures en mer Méditerranée. Cependant, loin des vers et de la houle des sentiments du solitaire Joseph Conrad, Méditerranée à venir force le regard vers un avenir pessimiste, tout en essayant tant bien que mal, de donner de l’espoir en l’initiative écologique, citoyenne et collective.
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Sur les pas d’un homme aidé de sa canne, une voix off à la première personne ouvre le film. Elle narre et questionne la jeunesse du marin-auteur de 63 ans qu’est devenu Joseph Conrad. C’est entre ces deux extrémités de la vie du personnage que se déroule le film, naviguant entre la jeunesse et la vieillesse de l’homme, entre les ports de la méditerranée, entre l’amitié et l’amour, l’aventure et l’attente.
Le film à la fois documentaire et fiction, est inspiré du livre Bleu Conrad : Le Destin méditerranéen de Joseph Conrad de Maddalena Rodriguez-Antoniotti paru aux éditions Albiana à Ajaccio. Pour raconter et s’approprier ce moment de la vie de Joseph Conrad, le réalisateur François Rossini fait appel à différents régimes d’images. Il choisit d’abord des acteurs pour une reconstitution : des corps et des voix évoquent notamment Joseph Conrad et sa compagne Jessie. Sans trop d’artifice, ils se meuvent dans des espaces bien connus des personnages : un bateau, l’hôtel continental d’Ajaccio et ses jardins, les ruelles de la ville du sud, le Cap Corse, la mer méditerranée. Pour souligner l’espace entre les différentes temporalités, le réalisateur a recours à des images d’archives de la moitié du XXème siècle et à des dessins de l’auteur et illustrateur de bandes dessinées, Kamel Khélif. Le grain des archives et les ombres des illustrations, rapprochent le passé du présent sans le révéler complètement. À l’instar des citations tirées des nouvelles de Conrad, les images semblent jalousement garder les détails et les mystères d’une époque, stimulant ainsi la curiosité, l’imagination et le fantasme. Les textes qui jonchent le film dévoilent par touches le rapport que Conrad entretien avec la mer méditerranée et avec sa jeunesse.
À travers les ouvrages et les correspondances de Joseph Conrad, les extraits choisis dans le film finissent par dévoiler une aventure particulière qui se détache de toutes celles évoquées par le film. Il s’agit de celle entre Joseph Conrad et Dominique Cervoni, marin Cap Corsin avec lequel l’auteur noue une amitié ambiguë. Cette rencontre, fascinante dès le premier contact et toujours embuée de mystère, hante l’auteur-marin jusqu’à sa mort et intrigue encore après la fin du film. Le personnage Corse rencontré sur le port de Marseille dans la prime jeunesse de l’auteur, semble motivé, bien des années plus tard, l’ultime voyage de Joseph Conrad sur l’île méditerranéenne.
Lucie Bonvin
Fiche Technique
Titre : Bleu Conrad
Année : 2013
Langue : Français
Durée : 52 minutes
Réalisateur : François Rossini
Avec : Anne de Broca (narratrice), Lucie Arnold, Alexandre Oppecini, Philippe Dormoy
Image : Fabien Orsatelli
Montage : Barbara Chiarazzo
Productions : Stella Productions, France Télévisions