Dans leur histoire, le cinéma et la Corse partagent des figures, des récits, des passions similaires :
des anti héros hors la loi, des vengeances, l’intrication d’histoires politiques et intimes…
En 1982, Pierre Cangioni reprend ces éléments pour réaliser Santu Nicoli, le premier long métrage où se rencontrent enfin le cinéma et la langue corse. Loin des plages et du soleil qui constituent les habituels décors des films tournés sur l’île, le réalisateur préfère situer son intrigue dans le village de Lama, humide, rustique, enclavé entre les montagnes et le maquis.
Dans l’intimité d’un tel décor, à l’abri des regards et du monde, se déroule un trop habituel récit de vendetta ; En 1920, alors que la Corse est à peine sortie de la première guerre mondiale, Santu revient tout juste du continent où il étudie la médecine. Il est immédiatement mis au fait des histoires du village et sous l’influence de son père, se trouve dans l’obligation de venger la mort de son frère.
S’ensuit une fuite qui met sur la route du protagoniste des personnages et intrigues souvent conter dans les récits corses. Au réalisateur alors de ne pas manquer d’assumer son point de vue, souvent critique à l’égard des bandits, des armes, de la vendetta.
À l’instar de la distance qui sépare la Corse de la Sardaigne, Santu Nicoli et L’Uomo che compro la Luna se font échos via la référence aux légendes des îles et le recours à la caricature. Situés à différentes époques, les deux films offrent volontiers des stéréotypes des habitants, des coutumes et des paysages, tantôt avec ennui et rudesse, tantôt avec humour ou tendresse. Cependant, la comparaison s’arrête ici : Si L’uomo che comprò la Luna raconte la nostalgie d’un
monde rustique, Santu Nicoli laisse la tragédie submerger un récit fatal au sein d’une société
stagnante.
Lucie Bonvin
Fiche Technique
Titre : Santu Nicoli
Année : 1982
Langue : Corse sous titré en Français
Durée : 66 minutes
Réalisateur : Pierre Cangioni
Avec : Pierre Massimi, Robin Renucci, Pierre Benedetti, Claire Ackilli, Jean-Paul Nicolai, Jean
Luisi, Noël Rochiccioli, Tintin Pasqualini
Chef opérateur de prise de vue : Paul Constantini
Chef opérateur de prise de son : Jean-Guy Cassardi
Chefs monteurs : Philippe Raffali – Tanneguy O’Meara
Bande Originale : Natali Valli – I surghjenti