Palerme, 2018, la tension est palpable, les élections législatives se préparent. L’œil de la caméra de la cinéaste croise celui d’habitants de la ville.
Elezioni est le premier film de la cinéaste Joséphine Jouannais qui, en 2020, est lauréate de la Résidence Frontière en partenariat avec le G.R.E.C et le musée de l’Histoire de l’immigration. Le film qu’elle y réalise, Palermo Sole Nero était sélectionné à la 43ème édition du festival du réel dans la catégorie « Première fenêtre».
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Dans l’ombre d’une absurde réalité, des lucioles résistent
C’est un animal qui ouvre le débat « Palerme, quelle ville de merde ». Le ton semble être donné avec cette première phrase. Pourtant, que pensé de ce protagoniste canin personnifié ? Dans quel registre sommes nous ? Il nous met d’abord à distance du documentaire mais le réel, tant par le propos que par l’esthétique, revient très vite sur le devant de l’image. La cinéaste semble jouer avec les limites entre le documentaire et la fiction, oscillant entre le point de vue imaginaire du chien et celui des habitants. Dans une courte interview, elle raconte ce qui l’a amené à mettre en place son procédé filmique hybride.
Le sujet des élections est au centre du film. Les discussions qui corroborent le court-métrage ont pour sujet la précarité, l’immigration, le racisme, la corruption. En quelques minutes, Joséphine Jouannais dresse un portrait sombre de la ville. Elle s’inscrit dans la démarche du documentaire de création par l’inventivité formelle auquel elle a recours mais aussi parce que le film est l’expression de son point de vue : les témoignages choisis vont dans le même sens. Le chien semble porter un regard analytique et métaphorique du point de vue de la cinéaste sur la situation. Deux éléments forts semblent mettre en exergue ce point de vue. D’une part par une étrangeté commune : le chien est présent dans le monde des humains mais ne participe pas à leur vie en communauté, tout comme la cinéaste française, alors en échange scolaire d’un mois et demi, n’est pas investie de la même manière que ceux qu’elle film et qui vivent en Italie. D’autre part, la cinéaste conclu le film par la réplique suivante : « quelques lumières, on dirait des lucioles ». Cette dernière phrase nous éclairerait-elle sur l’ensemble du film ? Joséphine Jouannais confie elle-même s’être inspirée de l’article des lucioles de Pasolini qu’il peut être bon de lire après avoir regarder le film Elezioni.
Lucie Bonvin
Fiche Technique
Titre : Elezioni
Année : 2018
Langue : Italien, sous-titres français et anglais
Durée : 11 minutes
Réalisatrice : Joséphine Jouannais
Image : Joséphine Jouannais
Productions : INSAS, CSC