Paolo Zucca parie pour son second long-métrage sur une idée cocasse : la lune aurait été achetée.
Celui qui l’a acquise serait un anonyme reclus dans un village sarde.
Pour infiltrer la Sardaigne, c’est bien sûr à un espion local qu’il faudrait faire appel. Mais quel Sarde enquêterait sur les siens pour le compte des Américains ? À partir de cette situation à la fois drôle et bizarre, le scénario de L’Uomo che compro la luna se déroule à travers des péripéties tout aussi loufoques. À commencer par le choix de l’agent : c’est celui qui a renié ses origines qui sera choisi : Kevin Pirelli, jeune homme filiforme, cheveux teins, adidas blanches… Cliché du jeune citoyen cosmopolite.
Après une formation qui lui apprend les us et coutumes de l’île, c’est en caricature sarde qu’il entame son voyage vers le village reculé où est supposé se trouver l’heureux propriétaire. À l’image de la lune qui influence les marrées, Kevin se métamorphose lentement au contact de ses origines qui le rattrapent. En même temps, le cinéaste laisse peu à peu les stéréotypes faciles et joue malicieusement avec les références et les outils propres au cinéma pour faire voyager ses
personnages et les spectateurs à travers l’espace et le temps.
Si le drapeau américain est bel et bien planté sur l’astre et que les navires de la Navy occupent
toujours l’île, c’est incontestablement aux sardes que la lune appartient.
À l’instar de la distance qui sépare la Corse de la Sardaigne, Santu Nicoli et L’Uomo che compro la Luna se font échos via la référence aux légendes des îles et le recours à la caricature. Situés à différentes époques, les deux films offrent volontiers des stéréotypes des habitants, des coutumes et des paysages, tantôt avec ennui et rudesse, tantôt avec humour ou tendresse. Cependant, la comparaison s’arrête ici : Si L’uomo che comprò la Luna raconte la nostalgie d’un
monde rustique, Santu Nicoli laisse la tragédie submerger un récit fatal au sein d’une société
stagnante.
Lucie Bonvin
Fiche Technique
Titre : L’uomo che compro la Luna
Année : 2018
Langue : Italien et sarde sous titré en Corse et en Français
Durée : 01 heure 43
Réalisateur : Paolo Zucca
Avec : Jacopo Cullin, Francesco Pannofino, Stefano Fresi
Directeur de la photographie : Ramiro Civita
Chef opérateur de prise de son : Piergiuseppe Fancellu
Chef monteur : Sarah McTeigue
Bande Originale : Andrea Guerra